D2F – Julien Vasseur : “En 2022, mes joueuses avaient été héroïques”

28 avril 2023

Le Fourmisien entraîne depuis 2021 la formation de Bègles. Une équipe qui se déplacera salle Lempereur le 6 mai. Le 2 avril 2022, les deux équipes avaient vécu un match particulier.

(c) Facebook Julien Vasseur – CA Bègles

« Bonjour Julien, comme on se retrouve, toi le fourmisien. Vous vous déplacez à Sambre-Avesnois ce samedi 6 mai : quels seront vos objectifs ? »

L’objectif sera bien évidemment de faire une bonne prestation et d’empocher les 3 points. Nous n’avons pas encore gagné contre une équipe VAP.

« Au match aller, les Sambriennes avaient réalisé un match plein : que s’est-il passé pour vous ? »

Revenons sur le contexte de l’époque, c’était mi janvier, Sambre venait de perdre à domicile de 10 buts contre Palente et était venu forcément revanchard. De notre côté, nous étions dans un enchaînement des 3 matchs avec Clermont, la réception de Sambre et le déplacement à la Stella, avant d’entamer un mois de février où nous affrontions tous les concurrents directs, à savoir Palente, Vaulx en Velin et Rennes. Nous avions fait le choix, au vu du calendrier, et par rapport à nos objectifs qui sont de se stabiliser en D2F, de faire une planification, aussi bien sur le plan physique que technico tactique, afin d’être dans les meilleures conditions sur le mois de février 2023. Cela n’enlève rien à la prestation de Sambre, qui ce jour là avait fait un très bon match, et nous avait dominé dans tous les secteurs de jeu. Nous nous sommes d’ailleurs servi des problèmes rencontrés ce jour là pour travailler, notamment offensivement, ce qui nous a grandement aidé par la suite.

« 2 avril 2022 : c’est une date que l’on n’oubliera pas nous : vous vous déplacez chez nous et il se passe quelque chose de terrible pour vous. Comment l’as-tu vécu, ressenti ? »

Ce ne fut pas forcément le meilleur moment de la saison pour nous, on sort d’une semaine difficile, avec un effectif réduit. On part à Sambre au départ à 8 joueuses. Une joueuse est malade dans la nuit et ne peut participer, nous nous retrouvons à 7.

Nous avons parallèlement à cela notre équipe réserve qui est sur le point d’accéder en Nationale 2, et nous ne voulons pas les amputer de forces vives sur la dernière ligne droite. Début du match, Fiona Derrien se blesse (rupture Ligaments croisés) au bout de 2 à 3 minutes de jeu. Nous devons donc faire pratiquement l’intégralité du match à 6.

Les 6 joueuses ont vraiment été héroïques, nous faisons vraiment un bon match au regard des conditions qui sont les nôtres à ce moment-là. A la fin du match, avec l’ovation du public, nous avions le sentiment d’avoir vécu un moment fort, j’étais vraiment très fier des filles.

« On n’a jamais oublié le courage de ton équipe et tes joueuses nous ont fait part de leur admiration pour notre geste … » (Clément Petit a pris un temps mort et a demandé à ses joueuses d’applaudir la prestation béglaise)

Cela restera forcément pour celles qui étaient présentes un moment riche en émotions de leur carrière, et elles s’en souviendront je pense à chaque fois qu’elles reviendront à Aulnoye. Ce n’est pas une légende que l’accueil à Sambre est chaleureux, donc cela participe évidemment à ce que les relations entre les 2 clubs soient fortes

« Cela fait deux saisons dans le Sud-Ouest : quel bilan fais tu de cette expérience ? »

Cela faisait 11 ans que j’étais sur Saint Amand les Eaux, j’y ai pratiquement tout vécu, j’ai entraîné toutes les catégories, du Baby hand à la LBE, des garçons et des filles, j’ai été agent de développement, responsable de la filière jeunes, responsable du centre de formation…

Je me suis construit en tant qu’entraîneur au travers la construction et l’évolution de ce club, et des personnes rencontrés là-bas. Il me semblait opportun afin de continuer à grandir professionnellement, de voir un nouveau mode de fonctionnement, une autre culture du handball, d’évoluer dans un autre contexte.

Quand j’ai eu le contact avec Bègles il y a un peu plus de 2 ans, je me suis dit que c’était le bon moment pour franchir le cap. J’ai beaucoup appris, effectivement le contexte est différent, et j’évolue petit à petit dans ce nouveau rôle d’entraîneur principal d’une équipe première.

« Quelles différences entre nos deux clubs ? »

Tout est différent, Bègles est un club historique du handball féminin français, dans un environnement hyper concurrentiel avec Mérignac et Pessac à moins de 10 km. La région est attractive pour les joueuses, aussi bien par rapport aux études que sur le cadre de vie. Néanmoins, l’économie du club n’est pas du tout la même. Nous devons nous organiser avec un petit budget pour une équipe de seconde division. L’objectif est donc de se stabiliser durablement dans cette division et cela est de plus en plus complexe saison après saison, par une concurrence de plus en plus forte, et de part un cahier des charges de plus en plus important.

Au regard du contexte, à mon arrivée en 2021, nous avons travaillé avec les dirigeants sur un modèle de construction d’équipe constitué de la manière suivante. Des filles en double projet emploi 35H et handball.

Ces filles là sont notamment des filles cadres ayant de l’expérience de la Division 2 voire de la LBE pour certaines. Elles construisent leur vie dans la région bordelaise. Autour de cela nous avons un socle de joueuses entre 18 et 22-23 ans, avec un double projet handball et études.

Ces joueuses là viennent à Bègles avec l’ambition de progresser et de pouvoir se montrer, tout en faisant leurs études sur Bordeaux.

Nous proposons à ce type de joueuses un programme d’entraînement, qui ressemble à ce que l’on peut retrouver dans les centres de formation des clubs professionnels. Notamment, la possibilité de faire 2 séquences de travail spécifique au poste, 2 séquences de musculation, de la vidéo individualisée, en plus des séquences collectives.

Pour réaliser cela, nous sommes en étroite relation avec l’université de Bordeaux. Nous avons également d’excellentes relations avec le pôle espoir de Talence. Enfin, afin d’ancrer le club localement, nous avons la volonté de constituer notre effectif au moins 50% de joueuses issues du territoire néo-aquitain. Sambre-Avesnois est l’un des clubs français qui s’est construit sur les 20 dernières années avec des montées successives. Son histoire est récente, mais la dynamique insufflée est forcément positive. L’arrivée de Clément Petit a permis d’accélérer la professionnalisation de la structure. Aujourd’hui, c’est un club qui a la statut VAP et qui ambitionne une montée en LBE. Il va donc de ce fait chercher à professionnaliser son effectif avec un recrutement de plus en plus ambitieux. Structurer le club en conséquence, avec peut être la création d’un centre de formation, c’est son objectif. Parallèlement à cela, le club veut rayonner dans tout le territoire avesnois et propose de multiples actions en ce sens.

« Julien, nous sommes ravis de t’accueillir encore ce samedi 6 mai. On te prépare du Maroilles ou pas ? »

Le problème du Maroilles, c’est que je ne suis pas sûr que mes joueuses le supporte dans le TGV du retour :D.
Un américain fricadelle sauce andalouse conviendra très bien 😉

Lalie Seailles, capitaine de Bègles : « 2022, un match inoubliable »

La capitaine de la formation Béglaise faisait partie de la rencontre du 2 avril 2022.

« Lalie, on n’oubliera jamais la dernière rencontre entre nos deux équipes chez nous. Je ne sais pas si aujourd’hui encore, vous évoquez ce match ?

Je crois que l’on peut qualifier ce match d’inoubliable. En plus des conditions dans lesquelles nous étions venues, nous avions reçu un hommage qu’aucune d’entre nous ne pourra occulter… 

Nous parlons encore de ce match car il reste une référence en terme d’engagement, de don de soi et de combativité. Nous étions allées au bout de nous mêmes et être félicitées par des supporters, des joueuses et des entraîneurs adverses… c’est un geste qui nous a profondément touché et ému.

« Il y a eu une forte émotion ce jour là, décuplée … »

Dans mes souvenirs, nous pleurions toute à la fin de ce match (rire) ! Mais c’est aussi pour ça qu’on fait ce sport, pour vivre et partager ces émotions qu’on ne vit nul par ailleurs !

« Ce trajet dans le Nord, comment vous l’appréhendez ? »

Nous l’appréhendons comme tous les autres en cette fin de saison. Nous sommes encore en train de jouer notre maintien au sein de la division donc nous donnerons tout pour aller chercher cette dernière victoire.

Et au-delà de ce match, il nous tarde de retrouver toutes les personnes qui nous ont si bien accueillis les saisons précédentes ! 

J’en profite pour remercier encore une fois ce geste que vous aviez eu envers nous la saison dernière, merci pour tout et à très vite ! »